Revers, passionnante exploration ...  

 

Lorsque Sébastien Jolivet, m'a contacté pour évoquer la mise en place du projet, force est de reconnaître que je ne percevais pas la proposition. Sans doute parce que la juxtaposition des éléments, la réflexion était déjà acquise dans son esprit et qu'il me fallait nécessairement un temps pour me mettre au diapason, en résonance.

 

C'était une question d'approche, certains diraient de sémantique. L’évocation du texte de Lacan comme "source" originelle réveillait en moi un pan de culture professionnelle, souvenir de mes années de soignants en unité psychiatrique. C'est sans conteste cet aspect qui m'a permis d’apprécier la démarche. 

Le rejet, le rebut, l’évacuation du déchet hors de la cité, une similitude par trop présente entre l'histoire de la folie et celle de nos sociétés. Dedans, dehors. Primauté de la question. D'où vient ce qui apparaît, quelle histoire est véhiculée par cette expulsion? Mais qu'est ce qui apparaît?

 

Ce projet s'est défini après une période de mise en résidence d'une équipe de l’École Supérieure d'Art du  Havre et de Rouen (ESADHAR) au cœur de l'institution psychiatrique, période qui avait déjà permis de nouer des relations avec Farid et Sébastien. Je savais pertinemment que favoriser le développement du projet, c’était permettre à ces deux artistes de s'engager pleinement, sincèrement, professionnellement et que la rencontre avec la population hospitalisée et soignante serait riche, passionnante, axée sur une écoute et une relation respectueuse. 

 

Il fut naturellement question de la proposition initiale pour mieux permettre à chacun de s'en emparer et de pouvoir la défendre, la développer selon son propre désir, en étant accompagné dans sa réalisation. 

C'est bien cet apport, cette possibilité de rencontrer l'artiste au sein d'une unité hospitalière, qui au delà même de l'acte de création prend toute sa dimension dans la relation établie. 

Mais si en plus l'acte revendiqué devient source de productions reconnues et validées par la mise en exposition (Musée Malraux en partie en 2011 puis dans le cadre de la saison culturelle municipale 2012 dans sa totalité) alors il faut admettre que Revers a été une extraordinaire aventure humaine et artistique qui prouve s'il en est besoin que la porosité entre le monde de l'art et celui du soin doit être défendue et renforcée. 

 

Eric Duteil

Référent culturel du Groupe Hospitalier du Havre

Novembre 2012